Arnaques et dangers des actes de médecine esthétique pratiqués par des non-médecins

De nombreux dérapages en esthétique ont été observés ces dernières années. Injections « sauvages » de produits de comblement ou d’acide hyaluronique, détatouage réalisé sans laser avec notamment des produits chimiques comme l’acide lactique, épilation laser ou IPL réalisée par des esthéticiennes ou des personnes qui ne sont pas médecins ; ces actes ont entrainé de nombreux effets secondaires, parfois gravissimes. L’ANSM (l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament) devant la floraison de ces pratiques dangereuses, ainsi que de nombreuses sociétés savantes comme la Société Française des Lasers en Dermatologie, se sont penchées sur la question.

Les injections « sauvages » d’acide hyaluronique ou de produits de comblement

Les influenceuses en font parfois les frais ! De prétendues expertes en injections proposent de vous injecter des produits (acide hyaluronique et parfois du botox), dans les lèvres ou d’autres zones du visage ou du corps parfois dans des conditions d’asepsie douteuses.

Quels sont les risques des injections réalisées par des praticiens non-médicaux ?

En France, seuls les dermatologues, médecins esthétiques, et chirurgiens, ayant reçu une formation spécifique ont légalement le droit d’injecter ce type de produits. Les répercussions peuvent en effet être dramatiques : allergies, infections pouvant aller jusqu’à la septicémie, parfois même des nécroses cutanées, qui se traduisent par la mort des tissus de la peau au niveau des zones d’injections.

Un seul mot d’ordre pour vous protéger si vous souhaitez vous faire injecter : consultez un médecin spécialisé, n’oubliez pas qu’il s’agit de faire rentrer un corps étranger dans votre peau !

Le détatouage sans laser à l’acide lactique

Beaucoup de personnes souhaitant enlever un tatouage, préfèrent se tourner vers une solution qui leur semble moins onéreuse, comme le détatouage à l’acide lactique. L’ANSM* devant la recrudescence d’effets secondaires graves, préconise désormais l’utilisation exclusive des lasers pour enlever un tatouage.

Quels sont les risques d’enlever un tatouage à l’acide lactique ?

Le laser, cible spécifiquement les pigments du tatouage, à l’inverse du détatouage chimique qui lui, brûle la peau environnante, provoquant des cicatrices, des brûlures graves et même des nécroses cutanées. Il n’est pas rare que des dermatologues doivent corriger des cicatrices liées à des détatouages chimiques… en traitant celles-ci avec un laser !

« L’épilation laser » par les esthéticiennes

En France, seuls les médecins sont habilités à réaliser l’épilation laser. Cet acte même s’il est délégué à une assistante formée, doit toujours être encadré par un médecin. L’utilisation de machines à lumière pulsée, qui ne sont pas des lasers, par les instituts de beauté n'est pas interdite, mais peut engendrer des effets secondaires importants notamment sur les peaux mates à noires.

Comment se protéger de ces pratiques « médico-esthétiques » ?

Offres « trop alléchantes » et cabinets « pseudo-médicaux »

La première chose à faire est de vérifier que la personne est bien un médecin et formé à la pratique. Vous trouverez un annuaire de praticiens près de chez vous sur le site de la SFLD. De même vous pouvez vérifier le statut du praticien sur le site du Conseil de l’Ordre des Médecins

L’endroit dans lequel doit se faire l’acte doit être aseptisé, particulièrement en cas d’injections.

L’idéal est de consulter un médecin formé à la pratique des actes esthétiques, lasers et injections. Vous trouverez un annuaire de praticiens près de chez vous sur le site de la SFLD et du gDEC.

Un décret pour encadrer les pratiques esthétiques et la charte éthique des dermatologues et médecins esthétiques de la SFLD

Face à la multiplication de tous ces cas, un décret devrait bientôt être promulgué afin d’encadrer les pratiques médico-esthétiques. Cryolipolyse, ultrasons, HIFU, injections, épilation dite « laser » chez votre esthéticienne, détatouage dit « naturel » chimique ou « sans laser », sont autant d’actes qui doivent être encadrés par des praticiens médicaux dans la mesure où ils peuvent porter atteinte à l’intégrité physique de la personne.

La charte éthique de la SFLD

Devant la multiplication de ces pratiques dangereuses, les dermatologues et médecins esthétiques de la Société Française des Laser en Dermatologie ont décidé de publier une charte éthique qui devra être signée par tous ses membres, chaque année, à partir de 2023. Cette certification permettra aux praticiens signataires de se démarquer de ces pratiques douteuses, de rassurer les patients quant à leur compétences et leur éthique, et ainsi de les protéger de ces mauvaises pratiques qui peuvent s'avérer dangereuses.

 

* l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament